Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 26 février 2015
Démocratie

2014, année noire pour les droits de l'homme

Les années se suivent et, sur certains sujets, se ressemblent : comme tous les ans, le rapport d’Amnesty international, dont la version 2014 a été publiée hier, s’indigne de la manière dont la France traite les Roms.
En présentant le rapport, la présidente d’Amnesty France, Geneviève Garrigos, n’a pas mâché ses mots, estimant que « rien n’a évolué, au contraire »  et évoquant une « régression »  par rapport aux années précédentes, et déplorant des expulsions de camps roms menées « dans des conditions épouvantables ».
Selon le rapport, on compte aujourd’hui en France 429 bidonvilles, où vivent 19 000 personnes, le plus souvent originaires de Roumanie, de Bulgarie ou de l’ex-Yougoslavie, dans des conditions de précarité extrême. Au cours des neuf premiers mois de2014, les autorités françaises ont procédé à l’expulsion de force 11 000 personnes de ces camps. Malgré la volonté affichée par le gouvernement de proposer à ces Roms des solutions de relogement, « la plupart des personnes et des familles expulsées n’ont pas été relogées », écrit Amnesty. Par exemple, sur les 400 personnes expulsées du camp de La Parette, à Marseille, 150 seulement « se sont vu proposer une hébergement de remplacement ».
Autre situation jugée « désastreuse »  par l’organisation : celle des demandeurs d’asile. Amnesty pointe la faiblesse des ambitions de la France en la matière, qui s’est engagée en 2014 à accueillir 500 réfugiés syriens, à comparer aux 30 000 proposés par l’Allemagne. Et ce chiffre de 500, révèle Amnesty, n’a « même pas été atteint » : « 300 à 350 personnes »  ont « effectivement »  été accueillies – alors qu’en mars dernier, par exemple, 85 Syriens ont été interpellés par la police et expulsés. Le rapport pointe également la situation autour de Calais, où « 2 500 migrants vivent dans des conditions extrêmement dures »  – victimes, notamment, d’une épidémie de gale.
Amnesty estime également que dans le cas des suspicions de violence policière (dont la mort de Rémy Fraisse, tué par l’explosion d’une grenade lors d’une manifestation contre le barrage de Sivens le 26 octobre 2014), « l’impartialité et l’exhaustivité des enquêtes menées par les autorités judiciaires restent source de préoccupation ».
Aussi préoccupantes et injustifiables qu’elles soient, ces atteintes aux droits de l’homme en France ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan des injustices commises dans le monde en 2014, année jugée « catastrophique »  par Amnesty. De la Syrie au Nigéria ou à l’Irak, de la Chine à l’Ukraine ou à la Palestine, les droits humains élémentaires sont bafoués, « les populations civiles abandonnées aux groupes armés ». Ce dernier point, note Amnesty, est un phénomène marquant : bien que certains États, comme la Syrie, se livrent toujours à des massacres en règle de population civile, celles-ci sont également victimes de « groupes armés non étatiques »  particulièrement violents, comme Boko Haram ou Daesh, dont les pratiques quotidiennes de « massacres, violences sexuelles, actes de nettoyage ethnique et enlèvements »  constituent « un défi pour tous deux qui s’efforcent de défendre les droits humains ».

Télécharger le rapport 2014 d’Amnesty international.

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